Grégoire Ballot
En quelques années à peine, Figma s’est imposé comme l’un des outils les plus incontournables dans le monde du design d’interface. Il a non seulement changé la manière dont les designers travaillent, mais aussi remis en question les standards, reléguant ses concurrents au second plan. Comment un simple outil en ligne a-t-il pu transformé le paysage du design d’interface aussi vite ?
Avant Figma, créer une interface se réalisait souvent seul. On travaillait sur des fichiers locaux et on partageait les maquettes par e-mail ou via des services de transfert. Autant dire que la fluidité n’était pas au rendez-vous. On perdait du temps à gérer les versions, à retrouver “le bon fichier”, à intégrer les retours…
Figma a cassé cette logique dès le départ. 100% en ligne, accessible depuis n’importe quel système d’exploitation, il a permis à toute une équipe de travailler ensemble, au même moment, sur un même document et ce en temps réel, comme dans Google Docs. Les curseurs des collègues s’affichent, les commentaires apparaissent là où on en a besoin, les ajustements se font à la volée. En résulte un workflow beaucoup plus fluide, plus rapide, et surtout plus collectif.
Figma, c’est aussi un vrai écosystème. C’est un espace communautaire pour partager des ressources, des templates, des plugins, des inspirations…
Aujourd’hui, un designer peut piocher dans des milliers de ressources créées par ses pairs, gagner du temps, s’inspirer, et même contribuer à son tour. Ce cercle vertueux a largement renforcé l’attrait de la plateforme. Les plugins constituent un autre atout : on peut enrichir Figma selon ses besoins (mockup, génération de contenu, intégration de design systems…).
Ce qui distingue Figma de ses prédécesseurs, c’est aussi son ambition. L’outil ne s’adresse pas uniquement aux designers. Il s’adresse à toute l’équipe produit. Petit à petit, Figma s’est étoffé pour couvrir toutes les étapes de la création d’un produit numérique, de la première idée jusqu’au développement.
Quelques exemples :
Et lors de la conférence Config 2025, Figma a levé le voile sur plusieurs nouveautés prometteuses :
Ces nouvelles fonctionnalités sont encore en bêta et imparfaites, mais elles restent très prometteuses. A suivre…
Ce qui a aussi largement joué en faveur de Figma, c’est son modèle freemium. Pas de barrière à l’entrée : on peut démarrer gratuitement, seul ou en petite équipe, avec déjà beaucoup de fonctionnalités. Et comme l’outil séduit très vite, il s’impose naturellement dans les entreprises, d’abord “par le bas”, puis à plus grande échelle avec les formules payantes.
Face à cette avancée rapide, les concurrents historiques n’ont pas su suivre. Sketch, pourtant pionnier, a longtemps souffert de son exclusivité macOS, et son virage vers le cloud est arrivé trop tard. Adobe XD, de son côté, n’a jamais vraiment trouvé sa place. Malgré le poids d’Adobe derrière, il n’a pas su convaincre : un développement lent, des fonctionnalités parfois en retard, une adoption timide…
Preuve de cette domination : Adobe a même tenté de racheter Figma pour près de 20 milliards de dollars. Une tentative qui n’a pas abouti, mais qui en dit long sur l’influence prise par l’outil.
Figma ne se repose pas sur ses acquis. L’intégration de l’IA devient un axe fort : génération d’interfaces, suggestions intelligentes, automatisations… L’idée, c’est de rester à l’avant-garde et d’étendre encore un peu plus le rôle de Figma dans le quotidien des équipes produit.
Ce que Figma a changé, ce n’est pas juste la façon dont on fait du design. C’est la façon dont on travaille ensemble. Plus fluide, plus rapide, plus vaste. C’est cette vision collective, centrée sur l’expérience d’équipe dans son ensemble, qui a permis à Figma de redéfinir profondément les standards du design numérique.
Grégoire Ballot
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